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Je remercie beaucoup Masse critique et les éditions de L'Harmattan pour m'avoir permis de découvrir cet auteur.
Denis Núňez aborde avec bonheur la question de l'Amitié, des idéaux de jeunesse, des illusions et désillusions d'une vie.
Ses trois personnages principaux, Jean, Marc et Regine vont se rejoindre dans l'Amour de cette belle aventure musicale que fut le rock des années soixante-dix et au delà.
L'auteur ressent une véritable empathie pour ses personnages principaux et nous les fait aimer.
Le style est vif, les chapitres sont brefs et développent tour à tour une personnalité ou un événement. Cela se lit sans difficulté, avec bonheur même la plupart du temps.
Le Bourges de ces années là est aussi une ville de l'après-guerre. le professeur Courchamps est un exemple typique des sbires de la collaboration qui sont passés au travers de l'épuration et peuvent continuer à répandre leur fiel haineux.
Bourges vit dans ses vieilles pierres mais se construit également. Nous pouvons suivre par l'intermédiaire du père de Jean Esposito l'exemple de cette immigration espagnole qui a participé à la construction de notre pays et subi les quolibets et menaces d'une partie de la population. Ce furent les "moricauds" des années soixante-dix.
Quelles sont mes réticences ?
- une impression d'artificialité parfois, tel ce long paragraphe où se succèdent des extraits de chansons de l'époque.
- ce bref chapitre sur le giscardisme qui ressemble à un cours d'histoire.
- Des personnages comme Rose pénètrent l'histoire puis disparaissent pour resurgir brièvement à la fin. J'aurais aimé les suivre plus longtemps.
Malgré tout, ce livre polyphonique tournant autour de nos trois personnages est un plaisir de lecture, nous apprend beaucoup sur l'Amitié, ses croyances et déceptions, sur la France que nous aimons, celle des compagnons, du travail bien fait, sur celle qui nous fait honte parfois, celle des racistes qui ressemblent aux gargouilles de la cathédrale de Bourges sans la patine du temps.
Nous revivons ainsi une période où la femme était mère et cuisinière, où les femmes découvrant la pilule se voyaient regardées avec suspicion et mépris.
Des vies comme nous aimons les découvrir pour mieux nous regarder et transformer

Philippe TROISBE-BAUMANN

BABELIO.COM, septembre 2019